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Avenir du Sourcing et IA : le point de bascule se joue MAINTENANT

  • Photo du rédacteur: Guillaume Alexandre
    Guillaume Alexandre
  • il y a 6 jours
  • 9 min de lecture


Introduction

Après plus de 20 ans dans le recrutement, dont 10 années entièrement dédiées au sourcing – à faire évoluer cette discipline, à mener d'innombrables recherches sur les outils, à comprendre les évolutions du marché et à anticiper l'avenir – je reprends la plume aujourd'hui parce que nous sommes à un point d'inflexion majeur.

Ce qui se joue en ce moment déterminera l'avenir même de notre profession.


LinkedIn a plié le game

En 2018, lors d'une présentation au Sourcing Summit en Angleterre, j'avais introduit la "théorie de la rue piétonne". Cette théorie comparait le recrutement à une rue piétonne où il fallait attirer les passants pour les recruter. J'avais alors souligné quelque chose de fondamental : avec sa pénétration massive du marché, LinkedIn avait levé l'anonymat des passants.

Pour la première fois, il devenait réellement possible de sourcer une part gigantesque de la population professionnelle – encore fallait-il maîtriser les outils.

Ce qui rend LinkedIn incontournable et irremplaçable, c'est que 1,1 milliard de personnes ont saisi leurs données manuellement dans la plateforme, en se connectant directement à leur entreprise et en créant des profils structurés. Les jobboards, eux, se sont contentés de collecter des CV – de la donnée non structurée. Cette structuration change complètement la donne et permet des recherches d'une précision inégalée.

En Europe et ailleurs, la partie est perdue : Viadeo est mort, Xing a été relégué en division amateur.

LinkedIn a gagné. Le monopole est total.


Le TsunamIA est en train de monter

ChatGPT n'a que 3 ans. En seulement 3 ans, les bonds de l'intelligence artificielle ont complètement révolutionné ma manière de travailler, de penser et de voir l'évolution de notre métier. L'évolution est absolument exponentielle, et croire que nous arrivons à une certaine maturité de la technologie serait présomptueux.

Ce n'est à peine que le début.

J'ai vu des technologies d'IA – au niveau vocal ou au niveau de la rédaction de messages d'approche – qui mettent une grande partie de la population des recruteurs très, très loin derrière. Et ce n'est que le début, c'est même leur pire version.

Nous sommes en novembre 2025. Dans un an, je pense que tout aura changé et que personne ne contestera qu'une suite d'intelligence artificielle soit capable de remplacer une très large partie des compétences d'un sourceur ou d'un recruteur.

Toute cette évolution va dépendre d'une chose : la disponibilité de la donnée LinkedIn, ou pas.


La stratégie commerciale de LinkedIn

LinkedIn ne donne pas accès à ses données – c'est son trésor de guerre. Personne n'a accès à l'API complète permettant de requêter sa base de données, et quelque part, c'est normal.

La stratégie commerciale de LinkedIn repose sur une augmentation graduelle, forte et continue des prix, sans aucune intention de ralentir. Ils ont :

  • Rendu les InMails incontournables dans les grandes entreprises

  • Supprimé l'accès aux données des utilisateurs de leur propre réseau (téléchargez votre réseau, vous n'aurez que très peu d'informations)

  • Rendu impossible l'extraction facile de la plateforme

  • Créé un point pivot pour la carrière professionnelle – le seul endroit où la donnée structurée est cherchable

Exercice simple : reprenez les 30 dernières personnes que vous avez recrutées. Maintenant que vous avez les noms, combien n'avaient pas de profil LinkedIn ? (Encore une fois, savoir les chercher, c'est autre chose.)

Cette année, LinkedIn a une stratégie claire tournée notamment autour du "hiring assistant". Techniquement, il y a pourtant de gigantesques lacunes dans la capacité de LinkedIn à réellement déployer une IA de bon niveau, malgré le fait qu'ils possèdent la meilleure donnée du monde.

Pour ceux qui se souviennent de la BCG matrix : LinkedIn est en phase de Cash Cow et ils ont clairement l'intention de se gaver.


Les outils IA "magiques"

Depuis le printemps dernier, des outils prétendant faire du sourcing externe et remplacer les sourceurs se créent de partout – aux États-Unis, en Europe, même en Suisse.

Tous les outils que j'ai testés et qui se targuent de faire du sourcing le font à partir de données qui sont clairement celles de LinkedIn.

J'en ai même vu certains afficher, sur leur vidéo de démo, le nombre de connexions et de followers des profils. Allez me dire que ce n'est pas de la donnée LinkedIn après ça ?

Sans être expert en RGPD, il est facile de comprendre que ces outils ne devraient pas avoir accès à ces données qui appartiennent à LinkedIn. Toutes mes tentatives pour comprendre directement auprès de ces acteurs quelle était leur base légale pour posséder ces données sur leurs serveurs ou via des data brokers ne m'ont valu que des sourires gênés ou des tentatives d'esquive maladroites.


Le point de bascule

Les outils que j'ai pu tester jusqu'ici en termes de résultats vont de "n'importe quoi" à "pas ouf", mais je commence à voir des choses prometteuses.

Quand on comprend l'avancée de l'IA et qu'on connaît la base de LinkedIn, il serait extrêmement présomptueux de penser qu'avec une telle technologie, des millions voire des milliards d'investissement et une équipe technique compétente, on ne soit pas capable de remplacer une énorme partie de la fonction sourcing à plus ou moins court terme.

J'ai passé des mois en ce début d'année à explorer en profondeur les fonctionnalités de recherche de LinkedIn Recruiter, ce qui m'a permis de créer la formation la plus avancée qui existe sur le sujet. Je comprends parfaitement comment il serait aisé de faire mieux qu'une part gigantesque des recruteurs que je connais, qui utilisent la base de manière extrêmement basique.

Très franchement, même l'IA interne de LinkedIn est absolument indigne de quiconque comprend un minimum le sourcing et le fonctionnement de cette base de données.

Pour moi, savoir si ces outils fonctionnent actuellement n'est pas du tout le sujet. C'est juste une question de temps avant qu'ils finissent par fonctionner.


Appel à la communauté

Je n'ai strictement aucune envie de risquer de me faire attaquer en diffamation. Une grande partie de ces outils clament haut et fort qu'ils répondent à toutes les exigences légales. J'attends juste les preuves.

Je fais donc appel à tous les spécialistes de la RGPD, de la gestion des données web et aux DPO pour savoir si, légalement, ces outils sont légitimes. Aucun de ceux que j'ai contactés n'a voulu me dévoiler ses sources ni n'a été explicite sur le fondement légal de leur pratique.

J'ai consciemment décidé de ne pas partager une liste des outils ici. J'ai pourtant passé énormément de temps à faire une longue liste et à essayer de remonter le maximum de providers potentiels, le nom des data brokers potentiels que j'ai pu identifier.

Merci de taguer tous les gens pertinents. Je serai ravi de faire un groupe privé. J'ai déjà fait remonter ces informations autant que je pouvais par mon contact au sein de LinkedIn, mais bon... Guillaume Alexandre au fond de sa vallée horlogère Suisse, ce n'est pas une priorité, bizarrement. Quand j’étais dans le groupe interne d’un GAFAM en charge de communiquer directement avec Linkedin, j’avais l’impression d’être un peu plus écouté lol 

N'hésitez pas à solliciter les gens qui, selon vous, devraient aider à poser cette ligne et à dire ce qu'il en est d'un point de vue légal – que ce soit des avocats, LinkedIn ou le régulateur.


Un ordinateur coûte moins cher qu'un salaire

Même si les systèmes ne sont pas parfaits, les recruteurs ne le sont pas non plus.

Quel que soit le prix d'un système d'IA qui fonctionnerait même à moitié, son coût serait négligeable comparé à celui du salaire d'un humain.

L'expertise est bien trop peu présente dans notre profession pour que les décideurs en charge de l'adoption de ces technologies ne voient pas leur intérêt à simplement remplacer recruteurs et sourceurs par des IA.

Quand on observe les taux de retour de certains sourceurs, la qualité des recherches et des messages envoyés, force est de constater qu'un ordinateur, même mal configuré, n'est pas forcément moins bon. Il faut savoir tirer les conséquences d'une incompétence latente forte chez une grosse partie de la population de recruteurs. Mais la plateforme, et en particulier son IA, crée ce qu'on pourrait appeler une 'illusion de maîtrise'. L'interface est conçue pour donner l'impression que chercher est simple. Le problème ? Les choix techniques qui façonnent vos résultats ont été faits par des équipes qui n'ont manifestement pas l'expérience terrain du recrutement, introduisant ainsi des biais dont la plupart des utilisateurs ne soupçonnent même pas l'existence.

Exemple en aparté: Sans rentrer dans la technique mais l’IA interne vous poussera vite à utiliser le champ “industrie”. Hérésie totale, ce champ n’est pas mappé en fonction du secteur de l’entreprise mais déclaratif par le candidat qui, en moyenne, ne le change pas en changeant d’entreprise. Selon mes calculs c’est entre 30% à 60% de résultats manquant ou erronés. En un filtre. Sur une recherche en bougeant 2 filtres auto remplis, on a fait x2,7 en nombre de profils. Si ça vous intéresse, vous venez d’avoir un micro aperçu de l’intérêt de venir se former.

Il est temps que la ligne soit clairement posée

La situation est claire : une clarification légale sur le fait que ces systèmes possèdent et utilisent les données de LinkedIn est primordiale et nécessaire.

Si leur base légale est validée

Je suis au regret d'annoncer que la durée de vie d'un recruteur-sourceur moyen sera extrêmement limitée. Certains experts arriveront toujours à s'en sortir en allant au-delà de ce que la machine est capable de faire, mais pour combien de temps ? En tout cas, ce ne sera plus une industrie – ce seront des personnes isolées.

À tous ceux qui pensent qu'ils ne seront pas remplacés par une machine : il suffira, lorsque le système fonctionnera, de mettre en place un modèle freemium et de dire à la personne RH :

"Donnez le descriptif de poste, faites un intake meeting directement, et ensuite tout le sourcing sera fait automatiquement par la machine – vous ne payez que si vous recrutez quelqu'un."

Je ne parle évidemment pas de l'idée folle que serait de remplacer les entretiens en face à face et le fait de faire un processus de recrutement structuré et professionnel. Je parle vraiment de la phase de transformation des gens en candidats.

Aux présomptueux qui disent que "les gens n'ont pas envie de se faire contacter par des machines"

Je peux vous garantir que les technologies qui arrivent sont plus professionnelles, plus empathiques que la quasi-totalité des recruteurs que j'ai pu rencontrer. Elles travaillent 24 heures sur 24 et apportent énormément de valeur au candidat.  

Si le travail effectué est moins cher, plus rapide, plus efficace, et que le candidat s'y retrouve tout comme l'entreprise, n'oublions pas que les recruteurs ne sont que l'interface qui permet de faire rencontrer un CV avec une offre.


Le piège pour les cabinets de recrutement

Avec la stratégie commerciale de LinkedIn, il est aisé de comprendre que beaucoup sont tentés d'aller voir des alternatives qui, de toute façon, sont moins chères et qui, potentiellement, peuvent même mieux fonctionner.

Ce que les gens qui achètent ces solutions ne voient pas – et ne souhaitent pas voir –, c'est qu'assez rapidement il suffira d'acheter une licence pour tout simplement remplacer toute cette partie du process. Pour moi, ce n'est même pas une question d'années, c'est potentiellement une question de mois.

Certains outils affichent fièrement : "Sourcing sucks, let AI do it for you"

La tentation est évidemment grande pour les cabinets de recrutement qui pensent réduire leurs coûts. Mais en fait, ils introduisent une technologie qui, lorsqu'elle sera mature, pourra être utilisée à un coût bien moindre que leurs honoraires par leurs clients directement.

Ne vous pensez pas irremplaçables : l'objectif de ces systèmes est d'automatiser votre travail de bout en bout.

Si LinkedIn ou les régulateurs posent une ligne claire

Si ils expliquent que ces positions ne sont pas légales, alors la maîtrise complète de LinkedIn Recruiter pourra continuer d'avoir de la valeur, et LinkedIn pourra poursuivre sa politique de prix et d'asservissement progressif de la fonction recrutement.


Un peu de prospective

En discutant avec des gens un peu partout (que je remercie sans nommer, you know who you are), j'en arrive à la conclusion qu'il est absolument impossible que LinkedIn ignore ce qui est en train de se passer.

Je ne peux pas présumer d'une telle incompétence de leur part ni d'une telle insouciance face au risque pour leur monopole.

La seule explication réelle que je vois – et qui est d'un cynisme absolu – c'est que LinkedIn est parfaitement au courant qu'il existe des alternatives qui travaillent sur ses données à partir de données volées. Ils sont parfaitement conscients que leurs compétences en IA et les outils qu'ils ont fabriqués ne sont pas dignes de ce qu'ils pourraient faire.

Mon hypothèse

Ils attendent simplement qu'un acteur réussisse à craquer le code et à réellement faire quelque chose qui puisse remplacer une grande partie des sourceurs et des recruteurs. À ce moment-là, ils rachèteront cette société, fermeront l'accès complet et feront les actions légales nécessaires pour fermer tous les autres acteurs.

Ils se retrouveront ainsi dans une situation totale de monopole et d'asservissement des entreprises.

Les rumeurs disent même que LinkedIn essaie de faire signer des contrats sur 3 ans, sachant qu'on ne peut pas se défaire d'un contrat LinkedIn une fois signé. Cela pourrait signifier que LinkedIn n'envisage même pas la possibilité que, dans 3 ans, des humains soient encore en train de faire ce travail.

Mais ceci est une rumeur, je n'ai pas eu de confirmation de mon côté.


Maintenant, c'est maintenant

Il est temps de mettre LinkedIn face à ses responsabilités. Il est temps de leur demander de se positionner clairement face à ces outils.

Légal ou pas ?

Il faut aussi l'aval du régulateur : légal ou pas ?

Est-ce que cela signifie pour le régulateur d'abonder dans le sens d'un monopole déjà existant ? Bien évidemment. Mais cela peut au moins repousser un peu l'obsolescence de notre métier.



La question n'est plus de savoir si l'IA va transformer le sourcing, mais quand et sous quelle forme. Et surtout, qui contrôlera les données qui alimentent cette révolution.

Le point de bascule se joue maintenant.

Attention, je n'annonce pas la fin du sourcing ou des sourceurs. Il en restera toujours pour aller au-delà, pour s'occuper de la niche, pour faire du sur-mesure. Mais la disparition de la masse actuelle et probablement en grande partie de la fonction sourcing tenue par des humains en interne ? Oui.


 
 
 

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